“On ne fuit pas les gens, on se fuit soi-même.”
[Truman Capote]

Comme tu le sais, j’ai décidé de publier une photo d’une créa portée avec mon voile chaque vendredi. Une sorte de nouveau rendez-vous, si on veut. Comme ça, pour le plaisir de partager avec toi !

Vendredi dernier, une photo a donc été publiée et très rapidement, une dizaine de personnes se sont désabonnées de mon compte Instagram.

Pour la première fois, j’en ai parlé en story et cela a fait énormément réagir. J’ai reçu beaucoup de soutien et de messages d’encouragement. Certaines ont même pris la peine d’en parler et de reposter la story en question. Cette prise de position m’a beaucoup touchée et je remercie chacune des personnes qui m’a écrit. Profondément.

Pour autant, je suis obligée de rappeler que cela fait deux mois que j’en parle, notamment ici sur le blog, et que personne ne réagit. Car si vendredi dernier j’ai vu mon nombre d’abonnés diminuer d’une quinzaine de personnes, il faut savoir que j’en perds à chaque publication avec mon voile.

Honnêtement, jusqu’à présent ça me faisait plutôt rire de compter le nombre de gens qui décident de quitter le navire à la vue de mon voile. Je peux carrément dire que je les trouvais intelligents de partir sans faire de bruit et sans scandale. Vraiment. Mais aujourd’hui, ça ne me fait plus rire du tout.

Le fait que cela se répète, inévitablement, à chaque fois, ne laisse plus de doute et il devient évident que voir un voile, même coloré, pose problème à certaines personnes…

Alors c’est sûr que ça fait un tri naturel dans mes abonnés, mais savoir que montrer mon hijab génère une crispation et un désir de fuite, là franchement, ça me fait mal.

Je ne sais pas…

Est-ce que je dois montrer plus de peau pour être acceptée dans la société ? Est-ce là l’image de la femme que l’on me demande de véhiculer ? N’ai-je pas le droit moi aussi de choisir ce que je veux porter ?

Je comprends très bien que le hijab puisse interroger ou même qu’il puisse faire peur (merci les médias) mais n’est-on pas assez adultes pour avoir un dialogue constructif et bienveillant ? Aurait-on oublié que la majeure partie de mes publications ne concernent que la communauté Couturette et que toutes les femmes y sont représentées ?

Alors quoi, une photo, un post, un voile, dans la semaine c’est déjà trop ?

Je vois bien que de nos jours, il est mal vu d’avoir des convictions et que la croyance ou la religion est une régression que l’on doit combattre. Mais la liberté de croire ou de ne pas croire, n’est-elle pas aussi un droit fondamental dans toute Constitution ?

C’est dingue cette manière de penser qu’il est impératif de décider à notre place, comme si nous n’étions pas capables de faire nos propres choix ! Les musulmanes sont contraintes de se voiler ? Hop, il faut les délivrer du mal (mâle ?) des fois qu’elles seraient trop faibles pour agir seules !

Le pire c’est que toutes les femmes sont concernées par cette fausse idée du féminisme. Croyantes, grosses, mères au foyer, salariées… la société se vante de défendre nos droits et nos libertés. Mais quelle blague !

La liberté ne semble concerner qu’une partie bien définie des femmes. Celles qui répondent aux critères et qui ont coché les bonnes cases. Celles qui sont lisses, sans aspérité, qui montrent à la société ce qu’elle veut voir.

Mais au final, est-ce qu’elles sont vraiment libres ces femmes-là ?

Plus le temps passe et plus il devient évident que la liberté des femmes est régie par des instances qui les dépassent. Nous sommes, encore aujourd’hui, des objets qui doivent répondre à une demande, une attente bien précise. Gare à nous donc si l’on sort du cadre !

Quand arrêterons-nous de penser que les femmes voilées ou rondes ne sont ni féministes, ni féminines ? Quand cesserons-nous d’imposer aux femmes de se conformer aux diktats des uns au détriment de leurs propres désirs ? Comment en est-on arrivé à penser que le choix d’une religion, d’un mode de vie ou d’une tenue vestimentaire serait incompatible avec toute société humaine ? Les femmes seraient-elles alors moins femmes quand elles décident pour elles-mêmes ?

Rappelons tout de même que le féminisme n’a, par définition, rien à voir avec tout cela ! Aider les femmes à faire valoir leur droit à être traitées aussi bien que les hommes, ne donne en aucun cas la possibilité de leur imposer un code plutôt qu’un autre !

Auteur Sarah S.

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